L’art de bâtir les villes : les églises

Camillo Sitte in L'art de bâtir les villes, 1889, p.28 "...un examen attentif montre qu'autrefois, surtout en Italie, on ne construisait jamais d'églises indépendantes et isolées des autres bâtiments. Aucune ville ne se prête mieux à cette observation que Rome, avec son abondance d'églises remarquables. En fait le résultat de l'analyse est surprenant. Sur 255 églises : 41 sont adossées d'un côté à un autre bâtiment ; 96 de deux côtés ; 110 de trois côtés ; 2 sont complètement encastrées et 6 sont entièrement dégagées. Il semble que dans la pratique moderne, nous n'admettions pas la possibilité de placer une église ailleurs qu'au milieu du terrain qui lui est destiné, afin qu'elle soit dégagée de tous côtés. Pourtant cette disposition ne présente que des inconvénients. Elle est la moins favorable pour l'édifice lui-même, car son effet ne se concentre nulle part, mais se trouve au contraire uniformément dispersé de toutes parts. Un édifice isolé demeurera éternellement comme une tarte sur un plateau. (...) Cette disposition est aussi la moins avantageuse pour le maître d'ouvrage, car elle le contraint à la dépense considérable que représente l'achèvement - architectural et ornemental - complet des façades, avec les coûteux soutènements et corniches de pierre sur toutes les faces de l'édifice. (...) "

Puis relativement au dégagement de la Porte "Porta Pia" à Ratisbonne, C.Sitte ironise : "Quel objet admirable qu'une porte dont on peut faire le tour, au lieu de la traverser !"